Lettre À Maman
Far
4:10À toi qui m'aimait, ou qui le croyait À toi que j'aimais, juste que j'aimais À toi qui est partie, à toi qui m'a laissée Par ma faute sûrement, certainement Finalement Alors ouais, l'amour c'est dur C'est rempli de foutaises, de mensonges et de faux "je t'aime" De crises de larmes et de crises de nerfs De toute la vie jusqu'au cimetière, au claquage de porte et de "c'est la dernière" De la couverture à l'arrière du SAMU, et du plus beau sourire que j'ai jamais vu Du trop d'alcool et d'poudre magique, jusqu'au ras-le-bol et à la fin tragique Du premier "je t'aime" au "je veux plus te voir" Des burgers dégueulasses et des cigarettes roulées Et des p'tits déjeuners avec ton dégoût du café Des mots qu'on place pour des phrases qui blessent Des cris qui glacent et des haines qui naissent Des verres qui cassent et brisent les promesses Une porte qui claque, et moi seul dans la pièce Grandir ensemble, et mourir Seul Grandir ensemble, et mourir Seul À part quelques gars pour traîner le cercueil Parce qu'à 20 ou 80, le caveau quand il vient, c'est toujours trop tôt Mais c'est surtout toujours trop seul Sans tandem ni chandelle Sans colombe sur la tombe Seul mais ça, ça fait un moment que je l'avais compris Mais putain, putain, l'amour c'est beau Putain, l'amour c'est beau C'est beau d'aimer, de vibrer, de sentir De ressentir, de se sentir De se sentir bien, ou de se sentir tout court, d'ailleurs C'est beau de pleurer C'est beau de pleurer, putain Dans une église, le front au sol Sur un parking dans ta bagnole Les bras posés sur un comptoir Debout sur un pont à Paris Sur le quai de l'A13 vers Saint-Denis Sous la douche, vide et sans énergie Les larmes chaudes, les larmes chaudes Celles qui font mal là où elles tombent Celles qui te brisent, te cassent, te tuent Mais putain, c'est beau l'amour Tu me l'as montré et j'y ai même cru J'y ai même cru, putain Alors ouais, aujourd'hui j'ai fait une chanson d'amour Je le fais jamais, c'est vrai Mais je veux me prouver que tout est possible Que la suivante sera magnifique Que les femmes sont belles, sont douces, sont fortes Et tellement sublimes quand elles sourient Sont folles parfois aussi Mais ça, je te l'ai déjà dit, la beauté, c'est la folie Alors, même si tout ce que je sais faire, c'est écrire des chansons tristes Que j'ai pas un CV à tomber par terre Bah, j'sais quand même écrire quelques poèmes Alors à toi que j'aimerai J'te connais pas et toi non plus, mais j'attendrai Il me reste encore quelques années de toute façon, alors J'attendrai de t'aimer Et même si je suis pas trop grand resto et chandelles Ni même bon vin et sac Chanel Je pourrai bien t'offrir quelques poèmes Mal gribouillés sur un ticket de caisse Et espérer un sourire de ma maladresse, j'attendrai J'attendrai d'apprendre tes yeux par cœur De m'émerveiller de ta douceur De regarder ton sourire grandir en se promettant d'se voir vieillir J'attendrai de te promettre la tour Eiffel De t'amener la voir de loin, sur les bords de Seine Je te promettrai même un Olympia, une place en loge et tout le tralala Je me forcerai à faire mes blagues de merde Juste pour entendre ton rire apaiser mes nerfs On prendra un vélo cassé juste pour t'entendre rigoler Et finir dans un bar merdique, à boire des demis dégeus devant l'équipe On prendrait mon tas de ferraille pour rouler jusqu'à la mer Et ramasser des coquillages pour les comparer sous un réverbère Et j'te jure, sur tout ce que j'ai qu'on renoncera pas, jamais À deux, tout ira mieux, toujours Fini les cauchemars et les insomnies Les nuits blanches et les cris La foule nous fera plus peur Et l'bruit non plus, d'ailleurs Ni le monde, ni la crasse, ni la sueur Une vie sans peur, une vie à 200 à l'heure Bref, une vie du cœur J'te prouverai que le bien existe Qu'il est pas loin et qu'il t'attend Que les larmes sont pas toujours tristes Et que le monde n'est pas toujours méchant Que le monde peut être si beau, si on apprend à le regarder Si on apprend à se regarder Et si on apprend à s'aimer, putain