Le Manoir Des Combrailles
François Budet
4:20cvec des feutres mous et des sabots de bois Vous étiez parmi nous, guidant nos premiers pas Vous nous apparaissiez rescapés d'un autre âge On vous tenait la main, le soir du grand passage C'était encore le temps où le pas des anciens Pouvait s'accommoder à celui des enfants À cause des feutres mous, et des sabots de bois On avait le pied sûr, et la vie devant soi Je ne regrette pas de vous avoir aimés Je vous ai tant aimés, je n'ai pas de regrets Qu'êtes-vous devenus mes oiseaux de passages Mes amis survenus, au hasard des naufrages Survivants qui s'accrochent à la bouée d'un bar On était dériveurs, philosophes de comptoirs Quand des chagrins trop lourds lestés de quelques bières Envoyaient par le fond nos lignes de flottaisons On avait pour un soir, mêlé nos solitudes Et refait l'univers, avec nos certitudes Qu'êtes-vous devenues mes belles en-allées Que j'aimais en silence dans mes jeunes années C'est à la vie d'un autre plus audacieux que moi Que vous avez offert vos plus tendres émois Et ces mots qu'en secret j'avais écrit pour vous C'est un autre que moi qui vous les murmura Qu'êtes-vous devenues mes belles en-allées Et la belle vertu de mes premiers émois? Des oiseaux migrateurs se sont perdus en vol cvec des certitudes dévastées par le doute À cause des feutres mous et des sabots de bois On revient de très loin sans savoir où l'on va Qu'êtes-vous devenues mes belles en-allées Que j'aimais en silence dans mes jeunes années La couleur de vos yeux, je ne m'en souviens pas Elle fut pourtant la cause de mes premiers émois