L'Homme Qui Marchait
François Budet
4:06Ils ont des îles à l'envers Où les eaux tenues prisonnières Comme captives adultères Plus fécondes que des rivières Ils ont des puits par intervalles Et pour balises des étoiles Devant les perles de rosées Ils rêvent du chant des fontaines Ils ont des escales aussi Et des errances indéfinies Ils n'écoutent pas les frontières L'itinérance est traversière Quand je ferme les yeux Je vois des hommes bleus Quand je ferme les yeux Je vois des hommes bleus Ils ont des plages à l'infini cvec d'infinies solitudes Et pour les vaisseaux méhari Des cargaisons de servitudes Comme des jalons parsemés Des oasis en pointillés Depuis les confins du Sahel Jusqu'à la Méditerrannée Ils savent toutes les arcanes Du périple des caravanes Car les dérives hauturières S'avèrent souvent meurtrières Ils ont l'amitié solidaire Pour tous les errants du désert Ils ont le thé cérémonial À l'heure des premières étoiles Mais le regard désespéré Sur les blessures infligées Par les colonnes infernales Déferlant vers le Sénégal Ils ont aussi des plaisanciers Des épaves abandonnées Il y a parfois des naufragés Dans l'océan du Ténéré Des femmes aux allures princières Vont à visage découvert Si le regard se fait lointain Elles ont l'cfrique dans les reins Comme le vent pousse par vagues L'immense dérive des sables Jour après jour elles s'amenuisent Vos libertés bientôt soumises cu bord des îles sans rivages Et dans les vagues d'un mirage Je vois un peuple naufragé Dans l'océan du Ténéré