L'Homme Qui Marchait
François Budet
4:06Quand vous verrez en moi la vie en son déclin Emportez-moi là-bas pour m'y fermer les yeux cvant de m'en aller je veux pouvoir encore Du haut de la falaise dans le jour finissant Regarder le soleil plonger dans le silence Comme l'acier rougi dans l'auge d'une forge Paupières à demi closes, contempler à l'envi La mer Égée en feu au milieu des Cyclades Il y a, j'en suis sûr, quelque part dans le monde Dans le septentrion une île qui m'attend Une île à cœur ouvert, cratère dans la mer De longues traînées noires sur le flanc des montagnes Les coulées d'un volcan, comme la chevelure D'un Titan qui sommeille depuis des millénaires Écouter dans la nuit comme des chants rebelles Les derniers des aèdes avant qu'ils ne périssent Laminés sous le poids des clameurs nouvelles Et du hautain mépris des nouveaux conquérants Ne l'ai-je point souvent dans mes rêves entrevue Comme Watteau peignant imaginait Cythère Retrouver l'harmonie de la langue d'Homère cux accents résinés à vous arracher l'âme Comme une symphonie dans la gorge des femmes Quand les ombres s'allongent sur le blanc des murailles Une dernière fois, parcourant les ruelles Sentir sous mes pieds nus le marbre de Paros