Vieillir

Regarder s'en aller la vie
Un petit peu plus chaque jour
Regarder partir les amis
Qui plient bagage chacun leur tour

Vieillir à l'ombre des tilleuls

Aller chauffer son corps usé
Au soleil de la Saint-Martin
En n'osant pas même espérer
Que l'on reviendra l'an prochain

Vieillir à l'ombre des tilleuls

Se sentir frère de l'automne
Ne plus pouvoir tout comme avant
Au temps où l'on devient un homme
D'être le frère du printemps

Vieillir à l'ombre des tilleuls

Savoir qu'on n'a plus rien à dire
Aux enfants qui croient tout savoir
Et qui un jour deviendront vieux
Sans avoir vécu rien de mieux

Vieillir à l'ombre des tilleuls

Ne plus avoir assez de jours
À vivre encore sur cette Terre
Pour accrocher des espérances
Mais simplement quelques espoirs

Vieillir à l'ombre des illusions

Savoir qu'on arrive bientôt
Au terme de ce grand voyage
On tourne la dernière page
On trace le dernier sillon

Vieillir comme le vin à la morte-saison