Marie Dominique
Monique Morelli
3:49Au Critérion-Bar, après la débine Je f'sais la barmaid pour les Norvégiens Les gars des cargos m'app'laient leur frangine Je gagnais dix bobs en un tournemain Après le buisness, sur le quai des Brumes Et la rue Grand-Pont, c'était l'Chabanais On m'appelait Nelly, et l'passé s'ralllume Afin que je puisse distinguer tes traits Tu venais m'chercher dans la lumière blême D'un sale petit jour sans sèches et sans blé On rentrait s'coucher le ventre en carême Dans ma chambre meublée, rue des Cordeliers Je pouvais dormir en m'fichant d'l'ardoise Ma bouche entrouverte souriait au plaisir La vie n'est très belle que pour les bourgeoises Le meilleur du lot, c'est pour le souv'nir Quand tu t'es taillé de Rouen et d'ses fêtes Pour jouer au griffeton dans l'camp d'Mourmelon Je t'ai dit adieu en tournant la tête Et je t'ai donné ma bénédiction On a pris pour ça la der des dernières Cuites, au Bar Nielsen, rue d'la Vicomté Puis d'fil en aiguille, fallut faire la guerre Une fleur au fusil, des ampoules aux pieds J'ai dans la mémoire, une chanson qui bouge Le nom des patelins où t'as dérouillé Carency, Ablain, le Cabaret Rouge La route de Bapaume où tu es resté J'ai bien fait d'éteindre la lanterne magique Qui déroulait l'fil de tes vingt-deux ans Quand j'm'appelais Nelly, comme sur l'ancien disque D'avant ton départ pour le régiment