Toutes Les Chansons D’Amour
Olympe Chabert
3:01Il faut qu'j'explique qui j'suis Ça m'fait peur de m'poser cette question Faudrait qu'j'vous parle de moi Pour que vous compreniez mes chansons Faudrait qu'j'explique qui j'suis Mais ça m'fait peur de m'poser cette question J'connais pas la réponse Assise dans l'fond du bus J'sais pas pourquoi j'suis pas descendue à mon arrêt Mon corps est resté collé au siège Comme si c'était un piège Aller dehors, j'veux plus ressortir Ici, tout paraît moins fort Ici tout est mieux Ici tout est léger J'me sens bien, j'me sens petite surtout j'me sens protégée J'ai aucun aut' but que d'voir le paysage mélangé Au reflet de mon visage J'écoute des sons tristes J'ai pas l'choix que d'me laisser porter La tête contre la vitre Mes pensées tracées dans la buée Elles m'écrivent une chanson, seulement la mélodie Plus j'parle, plus j'ai l'impression qu'rien ne vaut d'être dit J'ai pas d'back story, pas d'passé intéressant J'ai jamais quitté Clichy, j'vis encore chez mes parents Y a pas grand chose qui m'intéresse, à part mes potes, ma guitare Depuis qu'j'suis petite, y a qu'la musique qui m'inspire soir après soir Et encore ça peut dépendre de si j'me sens bien Et comme souvent j'me sens mal, bah souvent ça donne rien Pourquoi ça marche pas, de mettre ses émotions dans les sons? Faut toujours trouver du sens, ou un peu plus de distance Peut-être que j'en manque, c'est pour ça qu'j'me planque ici J'me sens bloquée par quelque chose de bien plus fort que moi Un truc qui m'envahit, me fait perdre pied, j'fais pas le poids Je lutte pour m'ancrer mais j'me sens partir Comment on sort de cet état où on voudrait s'mourir? Mais rien n'a d'doute, on vit les choses en automatique J'essaie pas d'être dramatique mais j'en vois pas le bout J'ai à peine commencé à vivre, j'ai déjà plus rien à dire Y a pas un jour où j'me demande pas si c'est pas mieux d'mourir J'écoute des vieux sons de mon adolescence J'suis déjà tellement nostalgique alors qu'j'ai si peu vécu J'me repasse ma vie depuis ma naissance J'rêve de retourner à une époque où j'étais pas bien non plus Pourquoi ça m'fait toujours aussi mal de penser au temps? J'crois qu'j'aurai n'pas pouvoir penser autant Heureusement que j'peux m'éteindre en allumant mon écran J'le pose jamais, j'attends que mes yeux s'ferment devant On m'dit "profites de ta jeunesse pour fumer, tiser, baiser" Honnêtement ça soulage rien, pourtant j'ai essayé En ce moment mes exs me manquent et j'aime plus l'goût d'l'alcool J'veux que m'isoler sous ma couette, redevenir la p'tite doll Moi, la fêtarde de service, j'ai même plus envie d'ça Comme si j'étais d'jà plus là, j'existais qu'dans mes vices J'essaie de disparaitre, petit à petit J'ai cru qu'les choses pouvaient tenir qu'on pouvait s'y accrocher Comme à un rêve qui fait que d'fuir quand on croit s'en rapprocher Mais tout change, tout fout l'camp même les choses disparaissent Et j'déteste ça, pourtant j'm'ennuie à l'inverse Ça fait quinze ans que j'comprends pas pourquoi j'me sens à bout Si moi j'sais pas, dis moi comment je pourrais vous l'dire à vous? D'toute façon personne se sent bien, c'est pas qu'une phase d'artiste Même quand j'écris des trucs légers, les gens dont j'parle sont tristes J'ai l'impression de faire que d'me plaindre à longueur de journée Alors que j'vis des trucs de ouf et qu'j'ai des gens à aimer Mais tout à un goût amer, depuis qu'j'ai douze ou treize ans J'sais pas vraiment c'qu'il s'est passé mais c'est pas passé maintenant J'ai mal, tout au fond d'mon ventre un p'tit peu tous les jours Même quand y a du monde autour de moi J'suis encore assise seule À traverser Paris J'aimerai rester ici Pouvoir passer ma vie là J'écris un encore un texte seule Au fond du bus Mais va falloir qu'j'descende C'est l'terminus