La Main Amie

Tout jeune tu perdis et ton père et ta mère Tu étais à cet âge ingrat où l'on comprend
Tu ne savais pas bien ce qu'est la vraie misère Mais tu voyais pleurer tous tes autres parents

Tu pleurais toi aussi sans savoir immobile
Au pied du grand lit blanc où tous deux reposaient Une main asséchée tes yeux d'enfant dociles
Et te prit par la main pour t'emmener jouer

Plus tard tu as aimé une rose d'été
Radieux et souriant au moindre de ces mots Grisé de son parfum dans la nuit enchantée
Contemplant au lointain les feux clairs des hameaux

Assis près de ta belle, allongé sur la mousse Tu réveilles et perdures un amour insensé Mais ton rêve effleura une belle main douce Qui disparut soudain te laissant oppressé

La rose s'est fanée un matin de septembre
Ton bonheur s'est enfui au gré du vent du nord Son parfum s'envola du plafond de ta chambre Tu restas seul pensif remâchant ton remord

Un long frisson passât tu retins un sanglot Une main se posât sur ton épaule et dit
Ami ne pleure pas ton chagrin m'émeut trop Relève-toi et marche et souris à la vie

Aujourd'hui il est temps d'aller rendre ses comptes Bois pour l'ultime fois cette coupe d'horreur
Entre dans le grand cirque où tous les mots se domptent Où la vie à présent ne peut plus faire peur

Mais avant de franchir le grand pas sans retour Suspend un bref instant tes mots et ta pensée La main que tu as vu à chaque carrefour
Ma main part avec toi vers notre éternité La main que tu as vu à chaque carrefour Ma main part avec toi vers notre éternité