Le Monde Est À Mes Pieds
Scylla
3:34En vérité, je suis mélancolique Voilà un secret, je suis mélancolique, voilà Voyez, la mort m'a occupé très, très tôt, vous savez? La, la seule façon de ne pas mourir, ce serait de n'pas vivre À partir du moment où vous vivez Vous signez un espèce de contrat avec la mort Et y a un moment où il faut respecter ces contrats Pas voir tes champs, mais voir les grosses plaines d'Écosse Pas voir des gens, mais voir mes gosses faire des gosses Et refoutre la foire là où y a bête de foule Mélanger l'enfoiré, la foi, là, dans ma tête de fou Profiter, profiter vite quand toi, tu maronnes Vivre la vraie vie sur l'toit du Maroc Enfin esquiver le vide, visiter ville après ville Me mettre à genoux, passer la plus belle bague au doigt d'une daronne Être son héros, donner la mer aux marins De l'eau sur ses roses, de la terre à mes romarins Rire à l'heure de l'apéro, à déplumer le canard Jeter en l'air l'sombréro dans la fumée de canna' Non, ne vous posez pas, messieurs Je vais tout faire dans ces draps Me noyer dans ses yeux, étouffer dans ses bras Mater des séries et revaloriser les liens J'ai enregistré ses rires, elle a mémorisé les miens Marcher sur les plages de sable noir Et remplir les pages de sa mémoire Se rappelant de nos mômes, les revoir tranquilles au sein N'oublions pas ces moments quand ils faisaient trois kilos cinq Sans connaître la route C'est rêver puis c'est crever, sans même remettre la roue Peu importe, l'homme a pleuré, la femme a souffert Rien ne sert d'être apeuré, nous sommes flamme à souffler Vivre, saison après saison À perdre, à trouver la raison Passer sa vie à vouloir toucher la lumière À la finir en épousant la reine des ombres La reine des ombres, la reine des ombres Ma meilleur ennemie, ma pire amie Saison après saison, la reine des ombres C'est elle qui viendra accomplir ma vie Seule promesse, on va finir dans ses bras Cette fois, j'pourrai pas prendre la tangente J'veux m'envoyer en l'air Dans ses draps, pour plus redescendre Et en attendant, j'te regarde sourire sur de vieilles photos Chaque matin, j'écoute mes enfants me raconter leurs rêves Un peu comme si le ciel m'laissait des vocaux Je l'écoute parler, suspendu à leurs lèvres Ressentir naître un vieil amour qu'on croyait mort Les sentiments qu'on gardait dehors entrer par effraction Aimer vite, mal, aimer lourd, aimer mordre Mais aimer quand même, comme si c'était l'unique consécration Voir le soleil qui s'lève en plein milieu du Sahara Avec un frère, y tirer quelques cartouches Arriver sur scène depuis le ciel, à la rame Gueuler à dix mille quelque chose qui nous dépasse tous Prendre son départ sans savoir même vers quoi Le passé, le futur, tout laisser derrière soi Accepter tous les "peut-être", mais quand même faire des choix Que tout ait la saveur des premières et des dernières fois Allumer un feu et regarder les flammes danser En serrant contre son ventre un nourrisson Ne pas mourir vieux, mais avec ce fameux regard translucide De ceux qui ont toujours contemplé l'horizon Vivre, saison après saison À perdre, à trouver la raison Passer sa vie à vouloir toucher la lumière À la finir en épousant la reine des ombres La reine des ombres, la reine des ombres Ma meilleur ennemie, ma pire amie Saison après saison, la reine des ombres C'est elle qui viendra accomplir ma vie J'ai beaucoup aimé la vie C'est vrai, j'ai beaucoup aimé la vie D'ailleurs si, supposé qu'un dieu me dise Heu, "veux-tu recommencer ta vie?" Je, je n'souhaiterais vraiment pas la recommencer Ce serait insolent, de continuer à vivre La pire catastrophe, ce serait d'être immortel Ça, c'est vraiment une catastrophe Et nous, nous avons la chance de mourir Vous savez qui meurt? Ne meurent que ceux qui ont vécu