Lettre
Shurik'N
3:17Six heures du soir, depuis la veille on avait préparé le coup Pensé, repensé à tout, voitures, flingues, sacs On tient son code jusqu'au bout C'est l'heure, tout le monde en place, soyez très vigilants Surtout, restez calme, on ne verse pas de sang inutilement Mais ça a foiré, un type est arrivé pour prendre à bouffer Un des miens trop paniqué a tiré un pruneau dur à digérer L'enfer commence, on saute dans les voitures, les sacs vides Démarrage en trombe, déjà la cavalerie rapplique S'ensuit une course poursuite épique à travers les rues de la ville On aurait du mourir cent fois Mais les dieux ont plus de vices qu'un agent de police Classique, coincés par une benne à ordures Piégés, pris, les sirènes se rapprochent J'entends d'ici le cliquetis des menottes Le bilan est lourd, cinq passants écrasés Une voiture et ses occupants disparus dans un nuage de fumée Payer le prix fort, sanction, peine capitale dans les dents Enfermé dans un bastion, depuis j'attends J'voulais la vie de château Des femmes et des Veuve Clicquot, des Mercos Que du boulot, coincé, l'jackpot au casino J'voulais des virées en bateau, du caviar dans un seau Des limos avec chauffeur, pas question de rouler en Twingo J'voulais la vie de château Des femmes et des Veuve Clicquot, des Mercos Sapé Hugo pour les noubas à Rio J'voulais aller plus haut, toucher l'Olympe, finir au Panthéon J'voulais la vie de château, j'n'ai eu que le donjon Sorti de la jungle, enfermé chez les fauves La taule c'est pas le Club Med ici Même en cage c'est d'un œil qu'il faut que tu dormes Sommeil agité, cauchemar, tous le soirs la grande faucheuse Vient taper à mes barreaux, devant mes yeux Jouant avec son maudit gousset Le temps d'un regret tardif, c'est la sonnerie du dîner Dans la cantine empilés, gamelles sales, regards d'acier Évités, sentir l'embrouille venir Je veux pas survivre pour mourir Pire, dans mon utopie j'ai cru qu'une grâce allait me secourir Tourner, tourner sans arrêt dans cette cour comme un félidé La poussière me pique les yeux, je suis fatigué Je veux rentrer dans mes quartiers Le jour fuit, la nuit tombe, les remords sont plus persistants Et moi, assis là dans la pénombre, j'attends, j'attends J'voulais la vie de château Des femmes et des Veuve Clicquot, des Mercos Que du boulot, coincé, l'jackpot au casino J'voulais des virées en bateau, du caviar dans un seau Des limos avec chauffeur, pas question de rouler en Twingo J'voulais la vie de château Des femmes et des Veuve Clicquot, des Mercos Sapé Hugo pour les noubas à Rio J'voulais aller plus haut, toucher l'Olympe, finir au Panthéon J'voulais la vie de château, j'n'ai eu que le donjon Dernier matin, dernier déjeuner, dernière tartine beurrée Les regards changent, tout le monde sait, je sens leur pitié m'étouffer L'ultime verre, je le refuserai J'ai décidé, je veux crever sainement, enfin façon de parler Je me suis surpris à rêver de si Si j'étais resté à l'école, si j'avais pas braqué, enfin c'est fait Tant pis, traitement de faveur, douche, parfum, cigarettes à volonté Mais j'ai stoppé, je veux pas qu'on dise de moi un fumeur est mort grillé Mes derniers pas sur la coursive, c'est la quille aujourd'hui Je me suis arrêté pour parler Le maton n'a pas bronché, j'ai expédié le curé Le couloir s'est présenté, traversé en 20 secondes Puis c'est le noir, j'ai les yeux bandés Je meurs d'envie de les supplier mais je peux pas céder J'ai commencé un jeu, la partie n'est pas terminée Des voix autour de moi, des bras m'empoignent et guident mes pas Je butte sur une chaise, attaché Je peux plus bouger les poignets, j'attends J'voulais la vie de château Des femmes et des Veuve Clicquot, des Mercos Que du boulot, coincé, l'jackpot au casino J'voulais des virées en bateau, du caviar dans un seau Des limos avec chauffeur, pas question de rouler en Twingo J'voulais la vie de château Des femmes et des Veuve Clicquot, des Mercos Sapé Hugo pour les noubas à Rio J'voulais aller plus haut, toucher l'Olympe, finir au Panthéon J'voulais la vie de château, j'n'ai eu que le donjon