Марта
Blooms Corda
4:56Un matin En se réveillant d'un sommeil agité Gregor Samsa s'est senti étrange Étrange, il a pensé Il a eu l'impression D'être redevenu petit Il a cru que c'était mi—juin Son anniversaire Mais non, c'était février Deux mille vingt et quelque La guerre Étrange Car au fond de ses entrailles Au fond du puits De l'âme de Gregor A brillé une petite pièce Le pressentiment de quelque chose de magique Magique à tel point Qu'il n'a pas pu y faire face On n'a pas pu y remédier On n'a pas pu l'annuler Ni le corriger Cela devait arriver Point Point d'exclamation Gregor a eu peur " Est—ce qu'il existe des raisons Auxquelles j'ai déjà oublié ? " il a pensé Mais rien Ni dans le fil d'actualités Ni dans la grisaille de la fenêtre N'a annoncé Qu'il allait arriver Quelque chose d'extraordinaire En ce plus beau moment Comme en ces temps les plus étranges Gregor a voulu trouver un appui Et il l'a trouvé dans sa sœur — Salut ! Il lui a dit au téléphone — Soit je suis devenu fou Soit un chat blanc M'a coupé la route — De quoi parles—tu, frère ? A demandé la sœur — J'ai eu peur Il doit se passer Quelque chose de très bon La sœur Qui n'a jamais laissé passer une occasion De se moquer de son frère A pris cette peur D'une façon étrangement sérieuse — Tu as appelé au travail ? Elle a demandé — J'ai pris un day—off A répondu le frère — Attends—moi chez toi A ordonné la sœur — J'arrive tout de suite Et Gregor a attendu Et ce fut la minute la plus longue De sa vie Plus longue qu'une minute Avant le ding du micro—ondes Plus longue qu'une minute Avant la fin du cycle De la machine à laver Plus longue qu'une minute Comptée par un feu rouge Quand on est en retard à un rendez—vous Étrange Il a pensé durant cette longue minute Je ne me suis jamais mis en retard C'est mon truc Certains ont écrit de beaux poèmes D'autres ont bien conduit une voiture D'autres ont brassé du vent Et moi, je n'ai jamais raté l'heure Un jour Gregor s'est souvenu Il n'a pas été en retard à un rendez—vous Il a débordé du pressentiment De quelque chose de vraiment magique C'était presque comme aujourd'hui Il a attendu une minute Puis quinze Puis une heure Et ce fut la plus longue heure de sa vie Et quand une heure vingt est passée Et qu'elle est arrivée enfin Il lui a dit : — Pourquoi tout cela ? Et alors quelque chose de beau N'est jamais arrivé Et maintenant, Gregor A tremblé Et si cette sensation Qui est en moi maintenant M'abandonnait Sans advenir ? Et si le magique N'était jamais arrivé ? Mais même cette peur A été douce Et le corps de Gregor a brûlé Et son souffle est devenu lourd Il n'a plus pu marcher Alors il a rampé Il a rampé dans le couloir Il a laissé la porte Entre—ouverte Car sa sœur devait venir Pour qu'elle puisse entrer Pour qu'elle puisse le trouver Et quand la sœur est enfin arrivée Elle n'a pas reconnu son frère Et le frère ne l'a jamais reconnue Sa voix est devenue si sauvage Si forte Et si joyeuse Comme jamais auparavant Elle a secoué Gregor Et elle a ri Elle a secoué son frère et a ri Elle a secoué et éclaté de rire Et elle n'a cessé de répéter : — Frère, frère Tu avais raison — Frère, frère C'est bien vrai