Ma Mère

Ma mère, j'en parle jamais dans mes textes
J'ai jamais trop su comment
En faite le bonheur ça se raconte pas
Ça se garde précieusement
J'ai toujours écrit sur ce qui me blessait et ce qui me manquait petit
Mais j'ai jamais su comment écrire merci
Ou un je t'aime aussi
Comme un genre de guerrier redoutable qui sait pas faire un câlin
Quand j'veux parler de ma mère et ben y a rien qui me vient

Pourtant ma mère, c'est un personnage de roman
Et j'aurai bien des choses à dire
Des fois, j'ai l'impression d'voir l'enfant qui fait semblant de grandir
Elle m'a enseigné la folie
En même temps que les maths et le Latin
Des fois, elle fait peur c'est sûr
Mais elle marche comme un lutin
Elle adore les ragots
Et tuerais pour savoir ce que fait la voisine
Quand elle partait faire les courses
On l'attendait des heures sur le parking

Ma mère, c'est une grande sensible et elle pleure tout le temps
Quand mon père disait que j'étais faible
J'me disais que j'étais fort comme ma maman
Souvent on s'enfermait dans la voiture après l'école en secret
Et on pleurait en se racontant que c'est dur d'exister
Elle m'engueulait parfois mais elle m'laissait lui répondre
À la maison y avait de tais-toi, que des "prouve-moi que j'ai tort"
Ma mère, elle est distraite, elle oubliait souvent d'faire à manger
Des fois ça arrivait même qu'elle m'oublie en cours de récré

À ce sera pas son paragraphe préféré
Elle va dire que j'exagère
Pourtant pour rien au monde je voudrais changer ma mère
Ma mère, elle a pas eu la chance d'avoir une maman comme moi j'ai
J'crois que mamie elle avait pas de voiture pour apprendre à pleurer
Elle enfermait ses larmes dans des bouteilles d'alcool sans fond, ouais
Ma mère au bout du compte
C'était la mère de ses darons
C'était la mère de ses darons