Chroniques D'Un Été

De l'Est ou bien du Sud arrivaient des bagnoles
Qui ressemblaient de loin à des théières anglaises
La maison devenait une auberge espagnole
Un caravansérail pour nomades estivales

Quand la pointe du jour parfois nous surprenait
Le vin de Loire aidant, on refaisait le Monde
En regardant passer là-haut les Perséides
Nos rêves allaient s'échouer dans une galaxie

Ce fut cette année-là
Un été peu commun
Il nous vint du beau temps
Jusqu'à la Saint-Michel

Jouant avec des pièces aux effigies bizarres
Matthieu nous racontait avec l'accent des îles
D'étranges aventures qu'il avait dû rêver
Quand il faisait la manche à Levallois-Perret

Déborah nous revint une île dans la tête
On la croyait partie dans la Vallée des Rois
Mais elle avait caché quelque part en Vendée
Un grand bonheur tout neuf, n'en parlez surtout pas

Un jour une tribu de musiciens vaudois
Fâchés depuis longtemps avec les gens pressés
Ont posé leurs guitares entre deux festivals
On aurait dit Woodstock, ils étaient "love and cool"

Des musiciens de blues retrouvant leur enfance
Ont joué "La guerre du feu" sur l'air de "Délivrance"
Descendant le courant, le cul tout nu dans l'eau
Ils prenaient leur panard, chantant "tou ouap dou lô"

Pendant qu'on regardait doucement couler la vie
D'autres sans rien nous dire ont bouclé les valises
On aurait bien aimé qu'ils restent encore un peu
Du bonheur qu'on avait, on en gardait pour eux

Marchant comme des reines un arc dans les reins
On aurait cru les voir porter le genre humain
Marie-Laure et Françoise avaient le ventre rond
Et du bonheur à naître au seuil de l'an prochain