La Reine Des Ombres
Scylla
4:37Assieds-toi sur le sol, les portes se dressent devant nous Imagine d'abord sans mettre de mots c'qui s'cache derrière Pourquoi soudain le vent souffle? J'ai l'impression qu'elle fait cent mètres de haut Elle nous regarde, tu sens ce quelque chose qui nous appelle? Ce quelque chose qu'on n'pige pas au départ, mais Fais-moi confiance, très bientôt, ce s'ra clair On va comprendre pourquoi on est là Mon frère, comment t'dire? Ces derniers temps, j'ai grave du mal à m'sentir vivant J'ai toujours l'impression qu'mon cœur est sec J'ai plus d'énergie, souvent, j'm'endors en écrivant Chaque fois qu'j'suis devant ma feuille, j'ai cette peur de l'échec Me dis que p't-être l'inspi' m'a quitté pour de bon, pour une autre bouille de con Que l'vrai moi est enfoui sous une chape de quelques tonnes de plomb L'impression d'même plus faire partie d'l'équation, là-bas, j'espère procéder à son extraction Tu vois la pierre qu'est là, à quelques mètres de nous La dernière fois qu'j'suis venu ici, j'm'y suis assis J'ai pleuré comme un gosse, j'suis tombé à genoux Je dis "reste assis sur le sol, les portes se dressent devant nous" J'les connais as-p mais elles ont l'air d'un très vieux souvenir Elles paraissent immenses, comprends bien pourquoi le vent souffle C'est d'abord celles du dedans qu'on est v'nus ouvrir Frère, d'ici peu d'temps, j'espère qu'on va passer ces portes et voir c'qu'il y a d'l'autre côté Qu'ailleurs qu'en prose, j'saurai voir quelques bateaux flotter Trop tard ou tôt pour stopper Vivre ou mourir, quand t'es au bord du monde, il faut sauter Putain, la plume fait qu'couler toute seule J'sais plus l'arrêter, cette fois, y a trop de mots à mettre Ça doit être cette pièce, ou bien peut-être la valeur énergétique Des pierres de schistes comme dirait l'poto Mohammed J'dois trouver l'équilibre sur une mer de sable en mouvement Trouver la force, le courage qui m'avaient manqués J'trouverai les morceaux qu'ils ont pu m'perdre quand j'avais douze ans Mon cœur sera tien, j'te promets de l'ramener entier J'trouverai p't-être la paix, la vraie, ne fût-ce qu'une échéance Mes antécédents ou p't-être qu'on va nourrir un ver géant Au-d'là d'un océan de sable, j'sais pas c'que j'trouverai derrière ces portes Mais j'vais trer-ren en mourir, en essayant (en essayant) S Devant ces portes, je suis loin de mon domicile Et ces portes sont loin d'être drôlissimes Le monde est dans mon dos, ici, on parle d'homicide Et je m'en bats, j'suis plus léger Derrière moi, pour la haine, tous les lobbys signent Mais c'est de l'eau ou du sang, là, dans vos piscines? Il n'y a plus de traitement dispo' dans l'officine Et je mens pas, j'sais plus les gestes Si je les poussais pas, je souffrirais devant À contempler l'ornement, la couleur, l'épaisseur Tel un yakuza qui s'ouvrirait le ventre Mais j'ai bien trop de douleur à tenir l'épée seul Alors, je vais m'asseoir ici, jusqu'à me blesser l'âme Un mal rarissime, c'est ce que je veux laisser là Ce qui fait de moi un bonhomme apeuré, c'est l'âge Et on m'a dit de pas pleurer, c'est lâche Derrière les portes, il y avait la déflagration des vies qui nous échappent Comme un vase entre les doigts, là Et qu'elles quittent le port sur les embarcations des Vikings Va-t-il falloir mendier pour qu'on nous rende l'étoile? Té-ma, mon reuf, ici, je meurs, c'est la vie que j'effleure Mais je m'acharne à faire pousser sur la brique des fleurs Et s'il n'fallait qu'sauver ça, là (ça, là) Par pitié amitié, love et salats Au pied de ces portes, gros, la lumière fait le tri Ne me fais pas voir que je suis de ceux qu'on bannit Même si je suis noir, si je suis le vrai, le triste Je passerai le seuil avec ma mémoire comme seule compagnie Je ne vois que les cases foncées de mon damier Moi, je suis la peine offensée que le monde a niée J'ai mis dans l'ordre toutes les lettres que la folie citait Où est l'aide que j'ai sollicitée? Cette porte est massive, elle fait de l'ombre à nos tours Il y a un aigle à la cime et aux pieds, de nombreux vautours J'suis pas ce chien errant qui s'est nourri en les saignant Mais je jure que je vais trer-ren ou mourir en essayant, ouais, le F Je pensais être cette pierre que les démons ont taillée Mais à cinq heures du mat', j'ai senti mon cœur battre au pied des montagnes